Une longue nuit

 

 

Elle le regardait… encore et encore. Elle le fixait de ses yeux, de son corps, de son âme. Elle ne pouvait plus détourner son regard si bien qu’elle ne le voyait même plus.

Elle attendait, tentant de ne pas succomber aux flots de ses pensées aussi noire que cette nuit sans lune. Elle ne savait plus réfléchir, elle ne pouvait plus réfléchir.

La seule image qui lui restait encore en tête était celle de son départ. Elle l’avait enlacé… fort, très fort, comme à chaque fois. Malgré l’odeur du poisson et du carburant, elle respirait toujours une dernière fois son parfum. Jusqu’à la dernière minute elle lui répétait : « je t’aime, sois prudent, la météo n’est pas bonne… ». Jusqu’à la dernière seconde, elle lui tenait la main, puis le petit doigt… puis le vide.

Puis elle le regardait partir réprouvant ce lever de soleil ironique qui reflétait sur les carénages, tintant de rose ce port dont elle ne connaissait que l’embarcadère.

Ce soir, maintenant, elle était là devant ! « Maudite vertu ! » se disait-elle… « Maudite vertu que d’être ce que je suis… d’attendre, toujours attendre ! . Elle se rongeait les ongles.

Et ce maudit téléphone qui ne sonnait toujours pas, et ces nouvelles qui n’arrivaient pas ! Elle passa sa main devant ses yeux ; elle était prête à fondre en larme… lorsque la porte s’ouvrit.

C’était lui, il était là, abattu, faible, avec dans les yeux un mélange de joie et soulagement. Elle se précipita vers lui et se jeta dans ses bras. « Je ne veux plus que tu partes, je ne veux plus… ».

Lui, il passa la main dans ses cheveux, la serra fort contre lui en lui répétant à l’oreille : « Je sais… ».

Comments

[caro]

on fait les mêmes rêves..