5 janvier 2006
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Découvrez ou retrouvez les textes & créations de Julien Weber
Roman • Pièce de théâtre • Nouvelle • Graphisme • Vidéo • Musique…
sur www.jwauteur.com
Je remercie tous ceux qui ont participé à ce petit jeu ! Et comme je trouve qu'il est déjà exceptionnel qu'un de mes petits textes puisse autant naviguer entre les différents blogs et les pensées, je vous désigne tous vainqueur ! Donc préparez vos photos, je vous réaliserai un petit design avec plaisir ! (le seul truc, c'est qu'il y a une vie aprés le blog... donc je compte sur votre patience, merci !) A trés bientôt pour un nouveau concours ! |
Prières aux vents Texte de Julien avec l'aide de e-ghost , illustrations de e-ghost Voici dix jours que le vent souffle sur ma tête, ce vent si doux autrefois… Aujourd’hui il ne transporte plus que la poussière de mon toit, les cendres de ma maison. Voilà dix jours maintenant que le sifflement des bombes s’est tue, que ma famille n’est plus. Plus que de simples pierres, ce sont les débris de tout un peuple que Je ramasse à présent. Devant tout mes rêves s’élève tristesse et amertume. Devant tout mes espoirs se dresse désormais un mur. Et pourtant, je prie… pour la paix, pour que tout revienne comme avant, pour que cette blessure se referme à jamais. Que pourrais-je offrir de plus que tout mon amour et tout mon pardon ? Et aujourd'hui, J’implore qu’un seul de vos Dieux entende mes prières… --- Au creux de nos cœurs, là où coule l’encre de nos rêves, naît mon histoire… Elle commence le temps d’un silence, le jour où toute ma vie s’est figée. Ce jour là, j’ai cru que mon existence ne serait plus qu’une immense douleur étouffée de solitude… et pourtant… Dans mes lamentations m’apparut un vieil homme… il m’observa un moment puis il posa sa main sur mon épaule. Lorsque mes yeux croisèrent les siens, j’eu l’impression de connaître ce vieillard depuis de longues années. Il avait une expression familière d’un aïeux qui reviendrait d’un exil, d’un de ces grands-pères éternisés dans la quiétude d’un album photos poussiéreux… De son autre main il me tendit une feuille de papier jaunie et me dit : « Une goutte d’eau peut se cogner contre le sol, mais quoiqu’il arrive, elle nourrira la terre… ». Je suis resté immobile face au vieil homme qui s’en allait lentement, la feuille posée devant moi. Ces paroles se perdirent dans le flot incessant de mes pensées. Au bout d’un long moment je me décidai à déplier le bout de papier usé qu’il m’avait donné. Il m’apparut une magnifique calligraphie tracée par une main de maître… Chaque pigment s’harmonisait parfaitement avec ses semblables et il se dégageait un équilibre extraordinaire. Elle était belle… belle à en pleurer. Bien que ne comprenant pas le sens de cette calligraphie, je ne pus détourner mon regard. Je me surpris à imaginer les courbes d’une femme qui n’existait que dans mes désirs les plus fous. A mesure que je la regardais, ma douleur s’apaisait. Je me souvint alors de tout ces petits moments de bonheur aux côtés de ma propre femme et de mes enfants… tout ces moments qui me firent tant aimer la vie. Les semaines passèrent et chaque fois que le chagrin s’apprêtait à me dévorer, je posais mes yeux sur cette image qui, selon moi, avait le pouvoir d’atténuer toute les souffrances du monde. Un jour, alors que j’étais assis par terre, devant la maison que je tentais de rebâtir, je passai mes doigts dans la poussière. Naturellement, ma main traça une courbe… je l’ai regardé quelques secondes puis je l’ai effacé. Pourtant, cette courbe persistait dans mon esprit. Quelque chose me disait que je pouvais la redessiner plus nettement… Ma main se remit à tracer mais cette fois-ci, elle semblait être guidée par une certaine détermination. Au fur et à mesure que mes doigts séparaient la poussière je sentit monter en moi une émotion considérable, comme si… comme si une force dictait mon geste. Lorsque j’eu finit mon tracé, un frisson parcourut tout mon corps : la courbe reflétait parfaitement mon état d’esprit ; je pouvais lire mes sentiments comme dans un livre. Cette courbe ne me quitta plus jamais. Elle accompagnait chacun de mes gestes et je la voyait partout, dans chaque arbre, dans chaque maison, dans chaque passant que je croisais. Elle était gravée dans ma rétine, comme par un artiste à la force exceptionnelle. Un vent particulier se mit à souffler. Il remplaçait une à une les brûlure de notre terre par un arbre, une fleur, un chant d’oiseau. Il respirait dans ma tête, balayant doucement ma tristesse, éprouvant impassiblement la colère des hommes. Je compris alors que même le pire doit passer. Je suis cette goutte d’eau… qui s’est cognée contre le sol. J’ai commencé depuis un chantier bien plus vaste que la construction de la plus grande des maisons. Je parcours le monde, et j’enseigne l’outil de Dieu. Je dispense une parole de paix, et d’avenir. Face aux hommes qui veulent construire, je dessine la courbe… --- « Dieu ce sont les hommes, et un jour ils sauront… » Jacques Brel |